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17 mars 2008 1 17 /03 /mars /2008 22:26


Pierre Albert-Birot


extrait inédit

Atmosphère

 

Suite de sept poèmes

 

I

 

Se mettre à son balcon et regarder l’Univers c’est peut-être jeter son temps par la fenêtre

Mais qu’est-ce que ça peut bien lui faire au Temps pourvu qu’il foute le camp c’est tout

Absolument tout ce qu’il demande quant à l’Univers en question il semble il semble bien

Même c’est à peu près certain qu’on en a plein les yeux voire voire plein les mains

Alors cet Univers je ne parle pas des rues et des maisons cet Univers est là et un peu là

Eh bien vieil Univers est-ce toi qui t’es fait ou bien as-tu préféré attendre qu’on te fît

Hélas l’Univers est trop gros pour parler intelligiblement il bafouille et c’est bien tout

Et quand on le voit comm’ ça si lourd on a peine à s’imaginer qu’il ait pu tout seul

Tout seul avoir dans son néant de néant le vouloir de vouloir son vouloir être

Donc vieil Univers pour répondre sans répondre tu réponds en levant les épaules

Dans le fond cher ami tu dois avoir raison et le plus bête de nous deux est bien celui qu’on pense

Mais mais mais ce supérieur Vouloir où mais où s’est-il fourré depuis depuis

Depuis qu’il t’a mis dans l’Espace ne devait-il pas un beau jour faire en ami

La grande tournée des Mondes qui bien entendu tous tous tous l’attendaient

Et sur Terre entre autres on l’attendait tant que dans l’ombre des siècles on dit l’avoir vu

Ce Vouloir inintelligible serait venu leur dire comme tant ils le souhaitaient : Voici c’est moi

(inédit - extrait de  Carnavalesques 2007, édité grâce à la gentillesse d'Arlette Albert-Birot)


 

présentation

 

 

Le rouleau compresseur surréaliste a tenté d’écraser de son poids les artistes individualistes contemporains, mais malgré son excavatrice et sa benne d’anathèmes religieux,  le mouvement n’a pu enterrer ni Cendrars, ni Artaud, ni Pierre Albert-Birot. Seul, Apollinaire a été honoré, sans gloire, très formellement par un banquet en 1917  comparable à celui donné en l’honneur du facteur Cheval, immense chahut de cantine scolaire en présence de Picasso.
   Pierre Albert-Birot, aîné avec ses vingt ans de plus que les appelés de la Seconde-guerre, certes tardif, mais “prêt à tout casser”, n’appartenait pas à la génération des surréalistes. Protéiforme, éternel adolescent, inventeur enragé, il prodigue son énergie dans tous les arts, plastique, typographique et poétique, assurant à lui seul toutes les avant-gardes possibles. A la différence des surréalistes perdus dans l’alchimie ou la psychanalyse de pacotille, il fabrique son propre langage grâce à une activité centrifuge réussie dans des domaines inexploités, expérimentateur d’un théâtre circulaire proche des Russes où il adapte Apollinaire, de poèmes à “crier à danser”, d’un cinéma audacieux avant qu’Artaud et Desnos ne se consacrent aux scénarios.
 Créateur depuis la revue SIC, événement essentiel, parthénogénétique, il déclare”C’est ma fille, je suis son père et elle m’a donné naissance” : au total, cinquante-quatre livraisons entre janvier 1916 et décembre 1919. Dans son acte créateur, malgré son aversion pour les mouvements en isme, il brasse les inventions des mouvements européens, futuriste, cubiste, lettriste, dadaïsme, au point d’envisager de devenir son propre chef d’un “nunisme”, et crée sa voix unique, pétulante, déconcertante sur le plan syntactique : voilà un domaine en fin de compte où la prose élégante de Breton, le pire ennemi de PAB, saturée d’images, ne s’aventurera jamais.
  Depuis les années 90, à l’initiative d’Arlette Albert-Birot, les éditeurs décrassent l’invention de l’Entre-deux guerres faute de trouver des novateurs contemporains et entreprennent une démarche d’historiens où enfin Pierre Albert-Birot se voit reconnu à son juste rang.. En particulier, l’éditeur Jean-Michel Place rassemble  les six livres de Grabinoulor, in extenso, soit un pavé de 1000 pages suivi d’une postface d’Arlette Albert-Birot “De l’éveil au point final” et de l’historique et de l’index des noms de personnages et des lieux de cette “épopée”. De même pour ne pas le laisser entre les mains des bouquinistes, les éd. Zulma intègrent dans le catalogue un titre de cet écrivain
inclassable, Mon ami Chronos, dialogue entre l’auteur et le Temps, après l’arrêt de toutes les pendules de la terre.
    Avec PBA; “lire est tout simplement suivre une aventure d’amour” (cf préface de Joëlle Jean dans Poésie/ Gallimard). Le lecteur partage son optimisme contagieux et sa folie dès La joie des sept couleurs où il entrera dans sa fantaisie des onomatopées, des calligrammes : “ Je veux qu’on me donne des couleurs claires ... malgré ceux qui pleurent”, “Je prends plaisir à m’étendre sur toi
                  mais
                 je suis légère ma
                 bien-aimée et mon
                                      bleu
                               va si bien
                               à
                                  ton blanc..”.
Mais il éprouvera bien d’autres raisons de se sentir euphoriques dans des vers sublimes où, paradoxalement, PBA s’exclame parfois au cours des moments les plus douloureux de la vie collective et individuelle, sans ponctuation,  vers laissés sur le blanc du papier, en minuscules ou resserrés

                              Celui devait veiller s’est endormi
                               Il devait faire la lumière il n’a pas allumé
                               Quand il s’éveillera
                                Il dira qu’il ne s’est aperçu de rien
                                S’il se réveille

                                           Extrait de La Panthère noire
                                                         Poèmes en 50 anneaux
                                                          Et 50 chaînons


ou vers irréguliers en capitales



“JE VOIS LE VENTRE DES OISEAUX QUI FONT DES LIGNES SUR LE CIEL ET VOILA QUE JE COMMENCE A OUBLIER LE NOM DES CHOSES EN FACE IL Y A LE DÉSIR EN PIERRE DE QUELQU’UN QUI N'EST PAS LA... “


biographie

 

Né le 22 avril 1876 à Angoulême, arrivé de Bordeaux en 1893, Pierre, Albert Birot fréquente les Beaux Arts, la Sorbonne et le Collège de France. Sculpteur, peintre, puis restaurateur d’objets d’art, il fonde en 1916 la revue SIC (Sons, Idées, Couleurs), l’un des principaux carrefour de la modernité européenne de l’époque.

Dès 1918, il se consacre à l’écriture, et,sous le nom de plume de Pierre Albert-Birot, commence une œuvre éclectique, importante par sa diversité (poésie, cinéma, prose, théâtre), sa durée et la bibliographie considérable dont le Premier livre de Grabinoulor est édité en 1921 : au cours des cinquante années suivantes, l’épopée des Six livres de Grabinoulor paraissent, dont l’intégrale est publiée en 1991 chez Jean Michel Place.

 

 

Choix bibliographique

 

 

Poésie I, 1916-1920 (Trente et un poème de poche, Poèmes quotidiens, La joie des sept couleurs, La Triloterie), avant-propos d’Arlette Albert-Birot, Rougerie, 1987
Poésie II, 1916, 1924 (La Lune ou le Livre des poèmes), présentatin et notes d’Arlette Albert-Birot, Rougerie, 1992
Poésie III, 1927-1937 (Poèmes à l’autre moi, Le Cycle des douze poèmes de l’année), présentation d’Arlette Albert-Birot, 1982
Poésie IV, 1931-1938 (Ma morte, Âmenpeine), Rougerie, présentation d’Arlette Albert-Birot, 1982
Poésie V, 1938-1939 (La Panthère noire, miniatures), présentation d’Arlette Albert-Birot, 1983
Poésie VI, 1945-1967 (les Amusements naturels, Deux cent dix gouttes de poésie), présentation d’Arlette Albert-Birot, 1983
Poésie VII, 1946-1952 (Aux trente-deux vents, Le Train bleu), présentation d’Arlette Albert-Birot, 1996
Poésie VIII, 1952-1966 (Dix poèmes à la mer, Tout finit par un sonnet, La Belle Histoire), présentation d’Arlette Albert-Birot, 1985

 

 

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