CATAPLASME
Les hasards d’un commerce cupide
Nous a fait germer sur des rives distantes
Nous, long lasso d’îles chevauchant les failles profondes
Tétons hérissés dans les turquoises caraïbes
Te voilà Haïti Toma
Sœur blessée
Terre lardée
Linceul césarisé à vif
Si je devais parler de toi encore
Jumelle aride tant de fois éprouvée
J’épouserais le plus infime battement de ton cœur
Pour essorer tes plaintes résignées
Avec mon drap trop vieux, de hardes remisées
Les hasards de ce commerce cupide et honteux
A fait partition de terres soumises
Et ton sol tant de fois mis à rude partie
De sang asséché depuis si longtemps
S’est laissé briser en une seule semonce à sept degrés décomptés
Si je devais alors
Dire ma part de souffrances
Quand tes tripes le soir
S’étalent à même les flancs des coulées cathodiques
Je me ferais fils de Toma chérie
Délitant mes douleurs dans les rizières silencieuses de l’Artibonite inconsolée
Je me ferais messager vagabond des guerriers aphones
Pour chambouler la sieste des puissants
Je me voudrais buvard multiple, docile et poreux
Pour éponger tes larmes
Pour partager tes doutes et lever tes inquiétudes
J’interrogerais les lendemains lointains plongés dans la gorge des horizons
Pour donner à tes jours le meilleur du brillant des soleils
Je fermerais les yeux aux assauts des midis grondants
Pour t’inventer des aubes qui esquivent l’engourdissement du dernier angélus
Une parole pour Haïti. Janvier 2010
Max Rippon