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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 17:56

 

Jacqueline Persini-Panorias                                              
Tard je t’ai reconnue
Aspect
103 p., 16 E
Ou l’incantation du deuil enfin advenu : « À toi mère je dis tu as bien fait de mourir ». De sa petite voix une tenace petite devenue psychanalyste, l’un(e) des rares à pratiquer en poète une rêverie partagée dans « l’interaction [d’un] silence »¹ déchargé de concepts, paraphrasant Saint-Augustin dans son intitulé, alternant - prosimètre - les formes, corps, polices de la litanie avec le concours inspiré de son éditeur – parle, parle enfin l’amour impossible : « N’aie pas peur avec mes petits bras je te protégerai des bêtes [ …] ma méconnue au cœur brulé peut-être naîtras-tu dans un autre pays ? » La mauvaiseté de mère assourdie par l’amour d’une mère-grand, un lyrisme réparateur s’inscrit sur une tombe sans nom. Éboulant le silence entombé sur le meurtre d’une autre aïeule. Dans ce récit-poème de sa maturité l’auteure de poèmes-récits d’analyste² puis de poésie / jeunesse³, à la faveur de ce qui mieux que mort devrait « n’être refusé à personne »⁴- a trouvé langue.
CHRISTOPHE STOLOWICKI
1 Harold Searles
2 Mon préféré Herbes vivantes, L’Harmattan, 1996
3 Notamment Si petits les oiseaux, Le Dé bleu, 2003
4 Jorge Luis Borges
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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 17:42

 

 

Nos amis mauriciens, notamment Umar Timol et Kadel Yusuf, participen, qui à la rédaction de cette revue régulière qui se présente comme un tour du monde de la poésie de langue française
Un numéro préédent avait déjà ouvert ses pages à Richard Rognet, Danièle Marche et Alain Gnemmi.
Dans le numéro 11/12 - dont nous allons commander plusieurs exemplaires -l le lecteur trouvera des textes de François Maubré et Danièle Marche , dont vous trouverez un extrait ci-dessous.
Signalons aussi la contribution de Tahar Bekri.POINT-BARRE-11-12-couv.jpg
Une goutte de pluie
sur la toile cirée
abreuvoir à mouches
dans le temps louche
d'un été mal défini
*
L'air usé par la lumière
qui pleut d'un soleil au zénith
Et au crépuscule
les petites notes de pluie
de la mésange
*
Les taillis humides
où le soleil joue
envoient mille clins
d'yeux complices
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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 20:54

novembre-2011-035.JPG

 

 On ne présente plus Guy Goffette.
C'est un peu se priver.
Il est venu plusieurs fois à Nancy : les Amis de la Poésie se souviennent de la rencontre au Forum de l'IRTS de Nancy, à son retour du Canada. Poète belge, il se réclame de la Lorraine - on ne saurait protester - et de son relief de collines. Il dit que le phrasé de son écriture est lié à l'idée qu'il se fait d'un paysage tout en courbes et vallonnements, dont il tire son équilibre et sa particulière harmonie.
Je me souviens d'un conductrice originaire du pas de Calais découvrant pour la première fois la Lorraine, qui ralentissait de façon étonnante à chaque haut de côte, tâtant du bout du pied l'accélérateur, avant de dévaller, à petite vitesse, la pente douce : craignait-elle que l'autre côté de la colline qu'elle venait de franchir  présentât un à-pic vertigineux ?
Elle venait d'un  pays plat où les fossés, remplis d'eau, sont plus hauts que la route.
Guy Goffette raconterait l'anecdotemieux que moi. C'est qu'il sait raconter. Voyageur, il a parcouru le monde dont il connait des détails qu'il délivre de sa belle écriture - romans et poésie. Mais sait aussi les partager au coin d'une table ou, comme jeudi, dans la belle librairie de l'Autre Rive de Nancy.
On aimerait l'accompagner.
Le temps passe vite et si, parmi la cinquantaine de personnes qui l'écoutent, certains quittent la librairie, c'est uniquement en raison des trams, des bus et des trains. Ils ont des horaires, eux.
Guy Goffette ne semble pas en avoir qui passe de la lecture à l'anecdote, du commentaire - je regrette qu'il entrecoupe parfois sa lecture d'incises explicatives, toujours intéressantes mais...- au questionnement, glisse une remarque et s'étend plus longuement sur sa façon -sa faconde - d'écrire : qui ne s'explique pas, on ne se force pas, ça vient, c'est là...
Homme de peu de mérite donc (?), mais écrivain (peut-être habité) mais de talent - qui est, on s'en souvient, une monnaie : un moyen d'échanges - qu'on retrouve ici pour la sortie de son dernier recueil "La Ruée vers Laure", une oeuvre atypique tant par son contenu que par sa typographie, qui peuvent décontenancer. Un ouvrage édité presque malgré lui - j'ai écrit "presque"- par Gallimard ( on le souhaite à beaucoup !)
Les femmes, majoritaires dans l'assistance - on sait qu'elles lisent plus que les hommes- ne manqueront pas de se ruer vers "la Ruée vers Laure", chacune se sentant faite de ce précieux métal.
Les hommes, dont je suis, seront indulgents, qui écoutent volontiers le poète et liront avec intérêt  "la Ruée..." : je préfère  Guy Goffette à Gala.

 

 

novembre 2011 037

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 20:39

jardins-cygne-et-soleil-rose-def.jpg

 

 Comme "Cléanthie" et "La Tonnelle", les couvertures de "Jardins publics" de Patricia Castex Menier sont illustrées d'un alvis imprimé en noir et blanc.
Et comme les deux précédents ouvrages elles seront peintes à la main - peinture acrylique - dans une déclinaison de couleurs et de décors  qui feront de chaque recueil un recuil différent. Une sorte de collector.
300 couvertures peintes à la main et toutes différentes : une sorte d'invitation à tant de différents jardins publics, visités grâce à la plume poétique et précise, parfois pleine d'humour, de Patricia Castex Menier.

jardins-hiver-automne-def-copie-1.jpg

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 18:10

novembre-2011-007.JPG

 

Pour la quatrième année consécutive, nous nous sommes retrouvés sur le stand de la Lorraine - un grand merci au Conseil Régional de Lorraine pour le soutien financier - da,ns le magnifique espace des Blancs Manteaux au Marais à Paris.
Une organisation impeccable - nous nous y prendrons plus tôt l'(an prochain pour l'accès aux espaces de rencontres - et un accueil aimable et efficace : il faut le répéter et le faire savoir.
  Nos amis poètes sont venus en nombre nous rendre visite, avec un regret, celuii de n'avoir pasd croié Tahar Bekri, très (encore plus) sollicité depuis quelque temps en raison de l'actualité.
Pierre Drogi, James Sacré, Danièle Corre et Bernard Fournier, présents sur le stand et pour des dédicaces, une nouvelle venue, Patricia Castex Menier qui présentait en avant-première - le recueil est sorti de l'imprimerie Aapche de Nancy le jeudi soirt à 18 h, la poésie a ceci de commun avec l'industrie automobile : le stock tendu - " Jardins publics" dont nous présenterons quelques couvertures dans le prochain article.
Jacqueline Persini-Panorias, présente pour sa sortie au Marché de la Poésie en juin , est venue nous rejoindre le samedi pour une séance de dédicace.
Les ventes, pour ce qui est de la poésie contemporaine, se font bien sûr grâce à la qualité des textes présentés - et nous sommes parvenus, en quelques années, épaulés par des amis comme Richard Rognet notamment, à faire connaître et reconnaître la qualité de notre édition - mais aussi grâce au dynamisme et à la conviction des écrivains que nous éditons.
C'est pourquoi nous sommes assez fiers du bilan de ce salon de L'Autre Livre 2011 qui nous permet de nous projeter dans l'année 2012, quand nous terminons l'année 2011 grâce à ce salon  sans déficit. 

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  Le stand des éditeurs de Lorraine ; derrière la table, Bernard Fournier (MARCHES III) et Danièle Corre dédicacent leurs recueils..

 

 

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Alain Gnemmi, le président de l'association , en grande conversation avec le poète James Sacré

 

 

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Bernard Fournier, Danièle Corre et au second plan, Marie Sunahara venue rendrre visite à Danièle.
Marie Sunahara est édités par MLD : "Sur les ailes" est son premier recueil (un prochain article)

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Olivier Brun devant son stand des éditions de la DRAGONNE (distribué par LesBelles Lettres) : un catalogue important pour cet éditeur  qui édite notamment Philippe Claude

 

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Florence Gautier, directrice du Centre Régional du Livre de Lorraine, est passée prendre le "pouls" de la manifestation et de l'édition lortraine présente, en amie et en professionnelle. 

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Marie Sunahara en conversation avec Danièle. A droite Rachel Valentin et Serge Klock derrière leur stand des éditions "Territoires témoins"
novembre-2011-029-2.jpg  Nouvelle venue, Patricia Castex Menier - habituellement édité par les éditions CHEYNE - est venue dédicacé "Jardins Publics" 

 

Bizarrement, cet espèce de catafalque, qui semble annoncer la fin de la manifestation - qui se présente plutôt comme une fin de marché hebdomadaire- a été prise un matin du salon , avant le  moment où les premiers éditeurs, encore mal réveillé de la veille ( le mot est intéressant, non ?), arrive, au matin brumeux d'une matinée de novembre à Paris, dans l'ancien marché couvert du Marais, magnifiquement rénové, et qui abrite, tout au long de l'année, une succession de salons.
Encore un gand merci à l'association organisatrice de cette manifestation. Le site (à consulter)

 

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 12:12

   A propos de Louise Michel
 
L’anniversaire de la mort de Frantz Fanon  (1961) est aussi l’occasion de découvrir aux éditions D’Ores et déjà un discours de Louise Michel, qui rencontra Victor Hugo en 1821, avant d’être déportée en Nouvelle-Calédonie à quarante-trois ans. On note la sortie sur les écrans – dans les salles de l’Union des Grands Capitalistes UGC -  du film L’ordre et la morale de Mathieu Kassowitz, à propos des révoltés, preneurs d’otages de la grotte d’Ouvéa qui se débrouillèrent seuls (14 morts après quatre assassinats de gendarmes) sans la participation de Jean-Marie Djibaou au cours de cette crise / un « assaut programmé avec la connivence de son médiateur » /  – le leaqder du FLK est seulement nommé dans le générique de fin -.
 
Prise de possession
   Louise Michel, éditions d’Ores et Déjà.
 
   Louise Michel avait un talent d’orateur et de poète, propre à convaincre - et à soulever littéralement de terre -, tous les gueux : misérables, prolétaires,  paysans, ceux que Michelet appelait le  peuple déshérité du monde. Ceux qu’elle mobilise et rejoint en tant que porte parole par un " nous" unanimiste  :
 
   «  Nous savons notre but : c’est la délivrance de tous, nous le voulons et nous l’oserons… » .
 
   Ce n’est pas un hasard si les  qualificatifs christiques fleurissent pour parler de « la Vierge rouge » Louise Michel qui est, au siècle de la révolution industrielle – si peu romantique -,  une des seules femmes à porter avec George Sand le costume masculin.
 
   Elle représente les convictions politiques modernes, les idéaux des utopistes socialistes de la Commune de 1870, Avec son chant, les exclus, les dépossédés se révoltent - doivent encore  aujourd’hui se révolter – dépaver les rues, dresser des barricades – pourquoi pas dans la rue St Jean ou au Point Central ? -.
 


 «  Le pouvoir est mort, s’étant, comme les scorpions, tué lui-même ; le capital est une fiction, puisque sans le travail il ne peut exister. »
 
 
 
   Louise Michel se moquait des lois bourgeoises qu’elle eut à subir, elle fut plusieurs fois arrêtée avant sa relégation en Kanaky où elle resta seule à soutenir une insurrection indigène – son chef Ataï -, puis à nouveau surveillée par la police de l’empire et de la république pendant les trente dernières années de sa vie : 
 
   « Peut-on encore parler du suffrage universel sans rire ? Tous sont obligés de reconnaître que c’est une mauvaise arme ; que, du reste, le pouvoir en tient le manche… »
 
    La conférence – très écrite – qu’elle donne en mars 1882 à Paris constitue un document inédit qui révèle Louise Michel, institutrice des enfants de déportés en Mélanésie. Anarchiste dans la moelle, et bourrée de talent, elle annonce les temps prochains, la « catastrophe » / terme dramaturgique / de la condition humaine –  pas une ruée vers Laure -  où les biens cesseront  d’appartenir à ceux qui  en profitent à l’abri d’un gouvernement, et où les patrons aussi se libéreront – d’eux-mêmes -.. Ces crasses !  Elle entend réconcilier l’humanité dans un monde précaire, en premier lieu, les hommes avec leur liberté et leurs droits.
 
   Le procès social doit se régler avant notre disparition dans le cosmos ; il faut faire un mauvais sort à l’argent, il faut, comme le dirait  aujourd’hui le curé Meslier pendre « les nobles – les nouveaux aristocrates – avec les tripes du clergé, des évêques et du pape ».
 
   Louise Michel vaut la peine d’être découverte, car elle "détruit" la notion du travail aliénant.  Elle se méfie des hommes politiques de droite comme de gauche, ne croyant pas que l’arrivée de socialistes ( !) au pouvoir – à la présidentielle – résoudra miraculeusement  les problèmes économiques du pays, de la nation gauloise,  de l’Europe, des Etats corrompus en Afrique, au Pakistan, en Cisjordanie…. Elle donne comme exemple des leaders représentatifs qui ont répondu à la misère des peuples, Abraham Lincoln, Vercingétorix,  ou d’autres moins célèbres – Sophie Grant condamnée à la prison, , le pirate Doï-van  condamné à mort au Tonkin -  , mais seulement parce qu’il faut donner des exemples historiques pour cautionner son discours…… En comparaison, le manifeste Syris 10/18 contre le travail et l’Europe économique paraît un pastiche des appels au meurtre prolétariens.



   «Le communisme commence à se dessiner, personne ne possède en propre le soleil qui l’éclaire, l’océan qu’il parcourt… »
 
 
   Embrassant l’univers dans un panorama de l’Histoire et des civilisations qui ont incubé toutes les révolutions, Louise Michel cite fréquemment le poète américain Whitman, se montre géniale dans son sens de la formule (« Notre république a des rois par milliers…   Ce qui pourrait s’appeler « respublica » ce serait la chose de tous, l’humanité libre sur le monde libre »)

 
   Féministe cultivée, elle en aurait appris, elle en aurait à enseigner aujourd’hui encore, à tous les incultes de la Toile qui rédigent leur blog abondamment illustré, paresseusement illustré.
 
   Elle aurait encore à couvrir des salons d’excréments, les miroirs à dorures, elle pourrait ripoliner d’excréments la façade des ministères nationaux sans susciter la moindre indignation de la part de l’intelligentsia parisienne, qui se complaît dans son autosuffisance, qui se gargarise de mots, qui sniffe des rails de coke sur un guéridon. Tant elle est veule. Les vedettes BHL et autres sont outrecuidants et bien capables de plier les œuvres complètes de Louise Michel pour en faire des cocottes en papier. Sans oublier les "spécialistes" du CNRS,  de Sade et autres Unités d’enseignement – ou de valeurs -  qui se gargarisent avec bonne conscience, et se regardent devant la glace…  sans rire.
 

   Louise Michel accumulait les savoirs au service de l’action : thésaurus vivant, curieuse des plantes endémiques en Mélanésie, des mœurs  - et des enfants  surtout  - qu’elle éduquait le dimanche. En matière d’instruction, personne ne pouvait lui donner de conseils. Elle se « gérait », autodidacte, indépendante.
.
 

  
   Il faut trois rédacteurs Robert Kurz, Ernst Lohoff et Norbert Trenkle pour poursuivre, quatrième de couverture  « l’économie d’une critique radicale de l’idéologie du travail …- que de compléments de noms ! -  Autrement dit, il ne s’agit pas de libérer le travail, mais de se libérer du travail. »
 
   
  
    La conférence de Louise Michel prononcée en 1883 est un modèle de rhétorique révolutionnaire, un bâton de dynamite – et non un bâton d’encens qui se consume pour remplacer un désodorisant, repérable par un détecteur de fumée – ou un ersatz – qu’on trouverait dans une supérette. Les images métrées qu’elle ajuste parlent – dans notre « chambre intérieure » -, elles sont de portée universelle. C’est un matelas miné, un parquet dissimulant des mines anti personnelles. Les lycéens devraient découvrir à leur tour ce texte, reconnaître les décasyllabes, la mitaine de la versificatrice, le col roulé de Victor Hugo.
 
   Malheureusement peu d’enseignants connaissent Louise Michel, ils préfèrent lire le groupe Krisis ! Leurs sous-vêtements sont des Damard.
 

« Ses vêtements ôtés laissent à découvert les blessures qu’il a reçues dans la lutte contre les occupants de son pays, il lui faut subir le frottement sur son cou de la main du bourreau et les trois coups de gong qui prolongent son agonie »…
 
    
       
écrit Louise Michel à propos de Doï-Van, leader révolutionnaire au Tonkin. La veine de Louis Michel complètement inspirée est épique, elle n’a rien de ce qu’on aurait pu craindre, tous les défauts de la fée Carabosse, le sentimentalisme, le scoutisme,  le manuel de survie du libertaire dans la société de consommation.
 
    Louise Michel, c’est quand même autre chose que, moins stylés, moins polis, le manifeste Krisis et ce genre de phrase : 
 
 

    «Ne courbons plus l’échine sous le joug des marchés de l’emploi et de la gestion démocratique de la crise ! La condition en est que de nouvelles formes d’organisations sociales (associations libres, conseils) contrôlent les conditions de la reproduction à l’échelle de toute la société. »

 
    A ceux qui sont tentés par l’adultère avec les socialistes et qui lisent les romans de Douglas Kennedy, je ne résiste pas à l’envie de recopier les dernières phrases de Louise Michel. La préface de Prise de possession ne précise pas quelles furent les réactions de l’auditoire de Louise Michel en 1883.
 
   Signa-t-elle des autographes ? Parmi son public, y avait-il quelqu’un pour l’enregistrer sur un Nagra de l’époque ? La Nouvelle-Calédonie en 2014 devra choisir son destin…
 
   « Personne au monde ne peut rien pour dénouer la situations présente.
   Les urnes ont assez vomi de misères et de hontes.
   Au vent les urnes, place à la Sociale !
   Le monde à l’humanité !
   
    Le progrès sans fin et sans bornes !
   L’égalité, l’harmonie universelle pour les hommes comme pour tout ce qui existe !
»
 
  Esprit libre, Louise Michel avait donc fait ainsi l’apprentissage de la liberté.
 
 
Christian Samson

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 17:37

HÉLIAS (FRÉDÉRIQUE), HOAREAU (STÉPHANE), DIR., ÎLES DE L’OCÉAN INDIEN. N° SP. DE CARNAVALESQUES, (NANCY : ÉDITIONS ASPECTS ; LA RÉUNION : ÉDITIONS K’A), N°4, JUIN 2010, 140 P. – ISBN 978-2-91079-179-7.

Ce volume, coordonné par deux jeunes Réunionnais, Frédérique Hélias et Stéphane Hoareau, présente vingt-quatre poètes vivant ou écrivant en français à La Réunion, aux Comores, à Maurice, à Madagascar et aux Seychelles, cinq espaces de création où le français tient une place différente parmi d’autres langues qui le côtoient, l’encerclent, le contaminent ou l’ostracisent. Les textes présentés témoignent de cette infinie complexité dans ce bout du monde appelé, comme le rappelle Daniel-Henri Pageaux dans la postface, « espace indocéanique ou india-océanique » (p. 135).
 Le projet du volume, qui est aussi celui de la revue, est de découvrir non des zones ou des situations, mais des créateurs défiant, individuellement, la même langue française. Le classement par ordre alphabétique d’auteurs brouille donc les regroupements nationaux traditionnels en les faisant « errer en cet archipel » (p. 25) selon les termes du Mahorais Nassuf Djailani. Le lecteur familier de la zone retrouvera les poètes qui ont déjà publié en France des volumes sous leur nom (le Comorien Salim Hatubou, les Malgaches Raharimanana et Ravaloson, les Réunionnais Catherine Boudet(comptes-rendus 103)  et Carpanin Marimoutou, le Mauricien Umar Timol ou dans plusieurs volumes collectifs récents (le Malgache Mahavanona, le Comorien Soeuf Elbadawi). Il en découvrira d’autres, parfois très connus mais seulement dans leur île (les Mauriciens Michel Ducasse et Jeanne Gerval-Arouff, les Réunionnais André Robèr et Jean-Louis Robert). Des pages critiques intitulées « focus » présentent (de manière peu lisible sur un fond gris et blanc) quelques auteurs seulement et toutes les îles, mais à des emplacements insolites dans la mesure où la présentation correspondante arrive bien plus tard que le premier auteur de chaque île.
À la suite des sélections de textes, et sous le titre de « Repères », une rapide présentation de l’auteur est suivie d’une citation tirée de son oeuvre et d’une bibliographie qui demeure, hélas, non-exhaustive. Enfin, signalons l’icono-graphie répartie entre les textes, semblant les illustrer mais de manière souvent maladroite. Il s’agit des dessins de la Franco-Comorienne Myriam Omar Awadi et des photos du Réunionnais Thérésien C. (qui semble vou-loir rester anonyme), oeuvres qui auraient été mieux mises en valeur dans une présentation séparée en fin de volume. Cette démarche anthologique permet de circuler à travers des textes très variés, mais la séparation délibérée entre les îles empêche, volontairement sans doute mais on le regrette quand même, d’esquisser des réseaux, de discerner des similitudes de postures, par exemple chez les créolophones.
Après la revue Riveneuve Continents et son Escales en mer indienne (2009), les divers volumes de nouvelles parues chez Sépia (Madagascar et Maurice en 2009) ou Magellan (2010), on ne peut que se réjouir que l’Océan Indien ne soit plus cet extrême aussi flou qu’exotique. Cette livraison est une occasion de plus de prêter l’oreille à ces voix insulaires qui pourraient toutes se joindre au Réunionnais Mikaèl Kourto pour dire : « L’île vit en nous / Elle bat / Se débat / Crie / Se tait nous appelle ou nous ignore » (p. 71) car, comme Catherine Boudet l’affirme : « On ne quitte pas une île comme on quitte une amante / Quand on est né d’une île on a pour toujours le coeur assigné à résidence » (p. 19).

Dominique RANAIVOSON

  compte-rendu extrait du bulletin d'Etudes Litteraires africaines n° 31 de  juin 2011

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 11:15

 

 

INVITATION-fournier.jpg

 

 

INVITATION-daniele-Corre.jpg

 

 

 

 

 

 

INVITATION-jacqueline-nov-copie.jpg

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 11:06

JARDINS-COUVERTURE-COULEUR-DEF.jpg

 

 

Sortie le 18 novembre au Salon de l'Autre Livre à Paris pour le dernier recueil de Patricia Castex Menier

                          JARDINS PUBLICS

 

 

 

 

Extrait

 

« Quoi

qu’on en dise,

 

on

se promène toujours un peu

 

sur

les chemins du langage :

 

roses

encore plus roses

 

dans

leurs noms de divas,

 

fleurettes

drapées dans leur latin,

 

et

colvert en col blanc. »

 

 

 

 

Jardins publics, à la fois jardin des plantes et zoo familier, espace de jeux et de promenade, où se côtoient tant de promeneurs qui ont un point commun : s'y trouver.

Patricia Castex Menier y promène son regard aigu, à la fois malicieux et attendri.

Et sa plume vive.

 

 

 

Patricia CASTEX MENIER

 

Née à Paris en 1956, où elle réside et enseigne toujours.

Entre vie familiale et professionnelle, un itinéraire d’écriture volé au temps.

Le poème, aux racines toujours concrètes et quotidiennes, tente d’établir le lien

avec ce que nous dit le monde, et la résonance en écho des expériences communes.

L’édition, au fil des années, est aussi un cheminement, affaire exigeante de rencontre

et d’amitié, étapes d’un second travail de rigueur à partager.

 

Poésie :

 

Chez Cheyne éditeur, Le Chambon-sur-Lignon :

 

Questions de lieu, 1985

Chemin d’Eveil, 1988.

Infiniment demeure, 1992.

Ce que me dit l’ensevelie, 2001.

Bouge tranquille, 2004.

X fois la nuit, 2006.

 

Roman :

 

Aux éditions La Dragonne, Nancy :

 

L’éloignée, 2001.

 

Dernières parutions :

 

Poésie : Aux éditions Ficelle, Vincent Rougier, Soligny la Trappe

 

Achill Island, moutons et cetera, 2006

 

Révisions, 2009

 

 Livres d’artiste, tirage limité :

 

Chez Sarah Viame, Céphélides : Entrepas (avec W.lambersy), 2006

 

 

Chez Maria Desmée, collection « les révélés »: Interstices, 2007

 

 

 

 

 

Théâtre, pièce pour enfants :

 

Aux éditions Ficelle, Soligny la Trappe :

Avec Werner Lambersy, Le Roi Berdagot, 2005.

 

Entretiens

 

Aux éditions Parole d’aubes , Grigny :

Avec Pierre Dhainaut, A travers les commencements ,1999.

 

Présence en anthologies

 

La vraie jeune poésie, La Pibole, Paris, 198O.

Panorama de la poésie française contemporaine, Moebius, Triptique, Montréal, 1991.

Poèmes de femmes des origines à nos jours, Régine Deforges, Le Cherche Midi, Paris, 1993.

Das Fest des Lebens, Poètes français contemporains,(édition bilingue français-allemand)

R.Fischer, Verlag im Wald, I993..

Mars Poetica, Poètes croates et français, (édition bilingue),

Skud, Zagreb et Le Temps des cerises, Paris, 2003.

La poésie française contemporaine, J.Orizet, Le Cherche Midi, Paris, 2004.

 

Participations

 

Printemps des poètes, Paris, 2002 ; Paris et Zagreb,2003 ; Paris, 2004.

Semaine de la poésie, Clermont Ferrand, 2005 ,2007

Lectures sous l’arbre, Le Chambon-sur-Lignon, 2001, 2005, 2007.

Colloque Pierre Dhainaut, La passion du précaire, sous la direction de Jean-Yves Masson et Aude

Préta de Beaufort, Université Paris-Sorbonne, Avril 2007.

Les parvis poétiques, Paris 2007

Livre à dire, Montivilliers, 2007

La voix des mots, Dijon, 2007

Voix d’aujourd’hui, Brest, 2008

 

 

 

 

 

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 18:29

 

(Alain Mabanckou ne saurait décevoir)

    « Cher Jimmy, le monde abonde désormais de ce type d’artistes à court d’idées, et il y a bien longtemps que la pitié du Nègre ne mobilise plus l’altruisme.
»
 
 
Lettre à Jimmy
   Alain Mabanckou,  coll. « rentrée littéraire » Fayard 2007
 
   Oubliant un peu le métier de romancier célèbre, Alain Mabanckou prend le temps de peaufiner des essais et rubriques littéraires.
 
Début : «
Alors que les mouettes désertent Santa Monica Strate Beach et qu’au loin tangue une embarcation prise dans une vague, je suis envahi par ta présence comme à chaque fois que j’erre ici… »
 
   L’ouvrage se termine à l’américaine, avec la liste des ouvrages consultés et des notes qui, au final, font référence aux pages de cet essai très peu universitaire.
 
La rencontre en question est celle, purement imaginaire avec James Baldwin, l’auteur de
La prochaine fois, le feu  - Gallimard 1962 et collection Folio -.
 
   Fasciné par le regard de Baldwin sur une photographie, Alain Mabanckou se met à interroger l’écrivain (« l’ami américain ») et à lui demander le temps qu’il fait au paradis. Commence alors la biographie de Jimmy,  un déclassé de Harlem dès sa naissance en 1924, dans le New York de l’époque, un véritable
apartheid nordiste. Pour détourner un poème reçu ce matin d’Umar Timol, le poète de Maurice, dans un « copier / coller « :
« étrange lucidité qui  
parfois jaillit /
dont les éclairs / fissurent les épopées de l’obscurité »

   Biographie poétique comme le
Verlaine d’ardoise et de pluie de Guy Goffette (Gallimard), l’ouvrage d’Alain Mabanckou explique la situation de ce bâtard de Jimmy dans un pays où les Américains noirs défendaient la cause musulmane comme Malcolm X, ou des illuminés comme Marcus Gravey. Alain Mabanckou adopte une démarche d’empathie avec Baldwin, on peut dire de tendresse devant ce fils de protestant intransigeant, doué au point d’écrire une pièce de théâtre dès neuf ans. La mentalité du père de Baldwin  - un « monstre » à la maison -est parfaitement reconstituée, avec un commentaire modéré à propos de ce père, plutôt malade mental..
 
   L’adolescence de Baldwin est celle, incroyable, d’un prêcheur connaissant la Bible par coeur et soumis à la « fouille sur le corps », la castagne des flics racistes. Avant la découverte de sa vocation : « Je veux être un honnête homme et un bon écrivain. »
On pense à l’exploitation de la misère par les escrocs habillés en curé – l’habit ne fait pas le moine -  comme dans les romans de Chester Himas (« La reine des pommes », série noire).
 
Ce que Alain Mabanckou nous apprend, c’est que Baldwin était fiché, suivi par le FBI avant même la trentaine – et
La prochaine fois, le feu – qu’il a approché Robert Kennedy avant son assassinat – il est parfaitement au courant des racontars d’Alain Finkielfraut, une jambe en France, l’autre aux Usa, fournit des informations venues d’outre-atlantique tout en restant très francophone.
 
 
 
 
 
   En littéraire (Université de Californie –Los Angelés), il ramasse les données dans les textes autobiographiques de Baldwin (démarche factuelle), prend le temps de les commenter, de les restituer sans intellectualisme, et nous plonge, avec son sens romanesque, dans un portrait du Noir américain à tous les points de vue passionnant.
 

Entre autres jugements intéressants : « …
l’idée d’une communauté noire de France est superficielle… l’histoire des Noirs américains a un enracinement qui ne saurait être comparé à la présence des Noirs en France… »
 
«
De l’autre côté, pour peu que tu jettes un regard sur la France, notre commun pays d’adoption, tu t’étonneras de constater que tes propos, tes écrits gardent leur actualité. »
 
   Livre lyrique et lucide
, Lettre à Jimmy donne une éclairage unique sur la littérature, digne de Pierrre Dommergues, autrefois, spécialiste de la littérature américaine, qui avait collecté des interviews des grands écrivains.
 
   Au fond, la démarche d’Alain Mabanckou vise à nous faire lire l’œuvre de James Baldwin. De ce point de vue-là,  aussi, c’est une réussite.
 
Christian Samson


 

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