Avec un peu de retard, la sortie du dernier recueil de Richard Rognet :
"Un peu d'ombre sera la réponse"
paru chez Gallimard
En attendant un article critique, voici ce que nous avions écrit sur l'oeuvre de Richard Rognet dans le CARNAVALESQUES 2007 :
Ici une oeuvre se construit. Ce qui se manifeste, dans le travail de Richard Rognet, au rythme des publications – de l’Epouse émiettée à la récente
trilogie – c’est le mouvement de la recherche, questions posées au monde, à l’homme, au sens, à la langue, à ces menus débris que le réel délivre, une déambulation dans l’à peine visible jusqu’à
y rencontrer « la graine première ». Il s’agit de réconcilier les hommes avec leur quête intérieure, compte tenu des choses, des lieux, des situations : nature, fleurs,
jardins d’Italie ou sculpture élémentaire (Le Transi), mais aussi les personnages qui habitent ces paysages. Compte tenu aussi du passage du temps et de son corollaire, la mémoire. Ce
qui implique d’incessants retours vers l’enfance, de rappels de sensations, de plaisirs, d’événements qui sont à l’oeuvre dans ce présent qui est en train de se dire, comme autant de résurgences.
La matière même de la langue est sujette à transformations : choix de formes versifiées ou au contraire de formes de prose, passage de prosodies privilégiant l’ampleur à des formes de plus
en plus épurées ( Le Promeneur et ses ombres) , il n’existe pas d’a priori chez R. Rognet : sa langue (ses langues) poétique fonctionne comme piège ou comme filet à faire
remonter au jour de fragiles fragments et des transparences, en une sorte de « dialogue avec l’éphémère ». Le monde intérieur est peuplé d’ombres et de présences intimes que le
poème va faire se lever, peut-être mettre en forme, dans cet éparpillement des matières et des songes. Faire place à cette « cassure » primordiale sans laquelle le poème ne
serait pas possible et fonde ce paradoxe que R. Rognet ne cesse de mettre à jour : la joie de rapatrier ce qui est toujours la marque d’une blessure. C’est grâce à ce murmure-là où retrouver
la fragilité des commencements que R . Rognet parvient à interroger les « lieux que la lumière a traversés. ». Âpre bonheur de l’écriture de retourner aux lieux limpides.
Tentatives réitérées d’établir l’espace du dehors et celui du dedans en un même lieu, mais tentatives qui sont peut-être « chimère(s) innommable(s) »,
« inanité », quête de l’impossible « à l’endroit même où circulent les insaisissables courants de la connaissance ». Il y a indéniablement, chez R. Rognet,
une aventure métaphysique dont la sculpture de Ligier-Richier de Bar-le-Duc constitue la métaphore et le témoin, toujours ancrée cependant dans la matière du monde qui est aussi matière des
songes.
Lire R. Rognet c’est aussi participer à ce voyage dans une écriture qui laisse parler à demi-mots les « papillons d’un instant / où passe la vie / comme la
glissade d’un nuage ».
biographie
Richard Rognet vit dans les Vosges où il est né en 1942. Depuis 1977, il publie régulièrement, cherchant à faire entendre les diverses voix souvent opposées qui constituent son univers poétique.
Il a reçu, en te autres, les prix Max Jacob, Théophile Gautier, Apollinaire, et, pour l'ensemble de son eouvre, le grand prix de la poésie 2002 de la Société de Gens de Lettes et le Prix Alain
Bosquet 2005.
Membre de l'Académie Mallarmé, il est traduit en italien, allemand, espagnol, bulgare, russe, serbo-croate et bengali.
vous le retrouverez sur deux sites :
celui, bien sympathique, de ses anciens élèves d'Epinal
http://www.ac-nancy-metz.fr/pres-etab/lapicque/Opinfo98/Aubel/menu.htm
et sur celui de ecrivosges
http://www.ecrivosges.com/auteurs/